La belle saison s’installe doucement dans nos jardins. Les floraisons des poiriers, pruniers et cerisiers se sont succédé, et certains pommiers de variétés tardives nous offrent encore un magnifique spectacle. Le mois de mai marque aussi le triomphe des graminées : en quelques semaines seulement, l’herbe de nos prairies et jardins produit une biomasse considérable et devient un véritable réservoir de vie.
Mais au verger, il y a un « mais »… et son nom scientifique est Arvicola amphibius, plus connu sous les noms de rat taupier, campagnol terrestre, ou encore rate.
Ce mignon rongeur herbivore, raffole des racines tendres des arbres fruitiers pauvres en tanins. S’il est présent dans votre jardin ou votre verger, il peut gravement affaiblir voire décimer des arbres matures et plus rapidement, les jeunes sujets en attaquant leur système racinaire.
Dans les hautes herbes, sa présence passe souvent inaperçue, et il reste protégé de ses prédateurs naturels : rapaces, renards, hermines, couleuvres, belettes… et même loups.
Comment reconnaître sa présence dans votre jardin ?
Le campagnol vit dans un réseau de galeries souterraines pouvant s’étendre jusqu’à 60 mètres de long, réparties entre 20 cm et 1 mètre de profondeur. Il crée des monticules de terre semblables à ceux de la taupe, mais plus éparpillés. Contrairement au réseau linéaire de la taupe, celui du campagnol est désorganisé. Le grain de terre est plus fin et l’entrée du terrier est inclinée plutôt que verticale.
Quelques faits :
- Durée de vie : 6 à 8 mois
- Mode de vie : vie en couple
- Reproduction : jusqu’à 6 portées par an (2 à 8 petits)
- Gestation : 3 semaines
- Maturité sexuelle : dès 2 mois
- En l’absence de prédateurs, les pullulations peuvent devenir problématiques
Comment bien gérer son verger ou jardin fruitier ?
Quelques conseils simples pour éviter les dégâts :
- Laissez une zone de non-tonte dans le jardin pour favoriser la biodiversité, mais évitez de placer cette zone dans le verger.
- De manière générale, un verger doit être tondu, pâturé ou fauché régulièrement (avec une hauteur d’herbe maximale de 10 cm).
- Autour des jeunes arbres, maintenez une bande dégagée d’un mètre de rayon, sans abîmer le collet, et binez le sol en été.
- Si vous utilisez du paillis pour limiter la sécheresse estivale, retirez-le avant l’automne, moment où les campagnols colonisent de nouveaux territoires.
- Favorisez la présence des prédateurs naturels : installez des nichoirs pour rapaces si le lieu s’y prête, ou aménagez des abris (tas de pierres ou bois creux).
Et la concurrence racinaire ?
Cette question s’intègre naturellement à la gestion des jeunes arbres fruitiers. En effet, environ 80 % de leur chevelu racinaire se trouve dans les 30 premiers centimètres de sol. La concurrence avec les herbacées est donc bien réelle, en particulier pour les jeunes sujets ou les arbres greffés sur des porte-greffes de faible vigueur. Pour éviter un stress hydrique en été, il est important de garder cette zone bien dégagée.
Vers un jardin naturel toute l’année ?
Plus que jamais, la biodiversité a besoin d’espace et de notre attention. Les chiffres sont alarmants : en 50 ans, les populations mondiales de mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens ont chuté de 68 % (source : WWF).
Alors, laissons nos jardins s’exprimer, dessinons-y de jolis chemins, laissons fleurir les zones naturelles… Il sera toujours temps de faucher ou de débroussailler à l’automne (ou plus tôt si nécessaire), tout en prenant soin des arbres fruitiers.
Je vous souhaite beaucoup de plaisir au jardin, et de belles récoltes !
Plus d’informations sur le projet de réintégration des arbres